,

Le body doubling dans le TDAH

Qu’est-ce que le body doubling ?

Note : Le body doubling est un concept plutôt récent, et pas encore étudié scientifiquement : il provient donc seulement de témoignages et gagne une traction sur les réseaux sociaux, sans être prouvé efficace pour tout le monde et sans que le mécanisme à l’œuvre ne soit expliqué.

Le body doubling, c’est le fait de faire plus facilement une tâche lorsqu’on n’est pas seul, que l’autre nous aide ou pas, et même qu’il soit là physiquement ou pas. Par exemple, je dois déclarer mes impôts, et je n’ai pas envie (scenario très crédible). Toute seule, je vais procrastiner. Si je dis à mon copain ce soit on fait les impôts, c’est plus simple. Si je lui dis je fais mes impôts pendant que tu fais X autre tâche, c’est plus simple. Même s’il n’est pas là et que je lui dis que j’aurais déclaré mes impôts avant qu’il ne rentre, c’est plus simple.

Pas sûre que le body doubling fonctionne des masses sur les chats, mais il paraît qu’ils peuvent ressentir de l’embarras quand ils se cassent la figure, alors pourquoi pas !

L’idée, c’est que la présence, réelle ou fictive (par exemple en vidéoconférence), d’une autre personne, aide les personnes à activer leurs fonctions exécutives. Ces mêmes fonctions exécutives qui sont amoindries par le TDAH, et qui permettent d’initier des tâches, de les maintenir, de se concentrer dessus.

Voir aussi : gérer les troubles de la fonction exécutive.

Fonctionnement

Il y a plusieurs théories, aucune n’étant prouvée ou n’ayant été étudiée pour l’instant.

  • La présence d’autrui augmenterait la dopamine, neurotransmetteur qui manque dans le TDAH, et permettrait donc un meilleur fonctionnement cérébral. En gros, c’est plus agréable de faire la tâche si quelqu’un est là, comme ça le serait plus en écoutant de la musique, en mangeant, en manipulant un fidget toy…
  • La présence d’autrui et/ou le fait de prévenir autrui de son objectif rajoute un enjeu et nous permet de « nous sentir obligés » et de ne pas se faire d’argumentaire pour soutenir notre procrastination. En d’autres termes, si l’envie de faire la tâche ne suffit pas (motivation intrinsèque insuffisante, que ce soit parce que la tâche est objectivement reloue, ou à cause d’un dysfonctionnement exécutif), on ajoute une motivation extrinsèque, comme le sentiment de culpabilité, la peur de décevoir, ou la volonté de rendre quelqu’un heureux ou fier de nous.

Super motivation, masque oppressant

Quand j’ai découvert ce concept, j’ai trouvé qu’il était intéressant, et assez vérifiable dans ma propre vie quotidienne (par exemple, avant mon concours en prépa, nous avions une semaine de révisions, et j’ai emménagé chez une pote avec un emploi du temps hyper rigide, parce que je savais que, sinon, je ne réviserais rien du tout). Sauf que souvent, je me demande si cet effet positif du Body doubling n’est pas que l’envers du masque qu’on s’impose et qui peut faire du mal aux neurodivergents : si j’ai bossé, cette semaine-là, ce n’était pas vraiment parce que, soudain, travailler était plus intéressant, mais parce que j’ajoutais un enjeu social et une image à préserver. Me mettre en situation de body doubling, c’est m’exposer à ma vulnérabilité sociale, à mon sentiment de culpabilité et d’être inepte, et en tirer parti. C’est une bonne chose, certes, surtout si ça me permet de faire quelque chose que je voulais faire. Mais le plus souvent, c’est l’impulsion dont j’ai besoin pour faire quelque chose que je dois faire. C’est m’imposer une contrainte en y mettant un enjeu qui me fait plus peur que d’échouer : échouer en public, décevoir, ne pas être à la hauteur.

C’est super, c’est efficace : c’est parfois incroyablement épuisant.

C’est la grande question de la productivité que je me pose d’autant plus depuis mes diagnostics : est-ce que ce que je veux, c’est rayer tous les items de ma to-do list, ou être heureuse ? Et puis-je être heureuse sans apprendre à gérer mon sentiment oppressant de contrainte, parce que la réalité, quand même, c’est foutrement fort pour m’imposer les conséquences de mes choix ? Parce que déclarer ces impôts, travailler 40h par semaine, c’est tout pourri, mais la prison ou la tente sous un pont, c’est pas l’idéal pour profiter de mon monde intérieur en paix.

Voir aussi : Masque neuroatypique.

https://en.wikipedia.org/wiki/Body_doubling

https://psychcentral.com/adhd/adhd-body-doubling

Une réponse à « Le body doubling dans le TDAH »

  1. Avatar de Les relations sociales et amoureuses, la routine et l’autisme – Haut Potentiel d'Aventure

    […] article est une réflexion suite à l’article de la semaine dernière sur le body doubling. Pour rappel, il s’agit d’être plus efficace, productif et avoir plus de facilités à […]

    J’aime

Répondre à Les relations sociales et amoureuses, la routine et l’autisme – Haut Potentiel d'Aventure Annuler la réponse.