Pourquoi ce site ?

Lorsque j’ai commencé à m’intéresser vraiment au haut potentiel, c’est-à-dire quand le résultat de mon test m’en a confirmé la légitimité, j’ai lu des centaines de commentaires affirmant en substance que la vie était sombre, et que le diagnostic, c’était enfin déchirer le rideau et trouver ses semblables. Combien de « Je m’y reconnais à 300% » et « Enfin je me suis compris » ai-je lu, prise d’un certain malaise à chaque « oui, mais », à chaque « c’est un peu caricatural, ce n’est pas tout à fait ça », que je pensais à la place.

J’ai fini Trop intelligents pour être heureux ? (Jeanne Siaud-Facchin), la bible du surdoué qui vient de se découvrir, avec une grande tristesse et une certaine colère. Je voulais tellement avoir l’impression d’avoir enfin trouvé mon mode d’emploi, ou au moins, à défaut, une description de mon état.

Pourtant chaque point me paraissait nécessiter plein de caveat, plein de précisions à apporter et de notes de bas de page pour s’appliquer à moi, et à mes expériences potentiellement contradictoires. L’hyper-empathie, alors que je m’étais cru autiste, psychopathe, sociopathe ? L’hyper-sensibilité, alors que je m’étais sentie si longtemps anesthésiée et vide ? L’extrème humilité, alors que je vacillais en permanence entre dégoût de moi, certes, et sentiment de mon intelligence et de ma grandeur.

Labyrinthe végétal

Après le test de QI, ma psy m’a dit qu’il semblait bien y avoir autre chose. Nous avons parlé de dépression, de spectre de l’autisme, de grande disparité entre les profils. Avec mes lectures, j’ai ajouté les idées de faux-self et d’hyper-adaptation, qui cacheraient à mes propres yeux certaines caractéristiques. Une identité calcifiée autour de la brillance scolaire et de l’intelligence académique, un sentiment de décalage cristallisé autour d’un certain mépris des normaux – ô comme j’ai honte de l’écrire ! – que je ne rencontrais jamais dans ma réalité.

Un clivage assez clair dans les livres, dans les blogs, une mentalité eux et nous à laquelle je ne pouvais pas m’identifier. Certains qui disaient même qu’une fois le diagnostic posé, on ne peut plus douter, on sait. Comme si j’avais su quoi que ce soit dans ma vie !

Avoir découvert le monde des HPI, m’être inscrite à Mensa, avoir lu, rencontré des gens, et j’étais toujours décalée, toujours sans place dans le monde, toujours sans famille intellectuelle !

Bien sûr, mes attentes étaient caricaturales, un fantasme de fusion enfantin pour me débarasser de la charge de créer ma propre aventure, mon propre parcours, pour refuser d’accepter que j’en avais la charge absolue.

Alors ce blog, en espérant rencontrer encore des gens, en espérant partager mes pensées, trouver des similirités et des points d’achoppement. Grandir encore, et continuer à voir cette lueur d’enthousiasme que je retrouve parfois.

Ne plus avoir honte de cette part de moi qu’il est toujours délicat de partager avec ses proches.

Essayer de croire que je peux avoir une place, un refuge, une légitimité. Un peu de valeur, pas parce que j’ai des bonnes notes ou un bon boulot, mais parce que j’ai des choses à dire, et que, pour la première fois de ma vie, j’envisage de les dire.

Sur ma découverte de moi-même, voir aussi :

Qui suis-je ? – Haut Potentiel d’Aventure (hautpotentieldaventure.com)

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