Je ne suis pas un zèbre !
Je n’aime pas le terme zèbre.
J’ai passé des tests, j’ai obtenu un chiffre, un intervalle de confiance qui me désignaient zèbre.
Surdouée.
Haut potentiel intellectuel.

J’avais vingt-quatre ans, et, oui, je me sentais un peu différente.
Je suis arrivée dans le cabinet d’une psychologue – encore. Pourrait-elle m’aider, cette fois ? Me ferait-elle autant de mal que la précédente ?
Le travail n’allait pas. Ne m’intéressait pas. Je devais travailler huit heures par jour, et j’en passais la plus grande partie à me sentir coupable de ne pas travailler. À éviter le travail, procrastiner.
Et puis en faisant tout à l’arrache, à la dernière minute, en une minute, c’était suffisant.
Mais même après la journée de travail, je me sentais mal, nulle, inutile.
Menteuse. Imposteure. Quelle part est vraie, quand les autres disent crouler sous le travail ? Quand ils disent ne pas prendre de pause, quand ils disent que, en télétravail, ils travaillent plus qu’au bureau, qu’ils travaillent trop ?
Je ne travaillais pas trop, mais le travail me prenait trop de temps. Trop de charge mentale, à essayer de l’éviter, à tenter de ne pas aliéner ma pensée en la vendant à d’autres. Je m’y perdais quand même.
En une journée de travail, j’ai cousu un sac. Fait des dessins. Un carton à dessin. En deux ans j’ai écrit deux livres.
Et je pleurais dans le bureau de la psy. J’avais honte de moi.
Tous mes sentiments étaient trop complexes et inexplicables.
Ma rationalité ne faisait pas le poids face à la honte. Oui, mon travail était fait. Oui, j’étais – à peu près, comme tout le monde – à la hauteur.
Mais j’avais honte. J’ai pleuré dans le bureau de la psychologue, effondrée, racontant – à ce sujet comme à d’autres – que j’étais une mauvaise personne.
Et puis j’ai passé le test, avec cette psychologue que je n’étais pas venu voir pour cela.
HPI.
Ah.
Entre-temps, j’avais eu vingt-cinq ans. Mon premier quart de siècle.
Et maintenant ?

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