Je ne suis pas sûre de ressentir de la fierté, quand je réussis quelque chose. C’est plutôt quelque chose comme du soulagement, comme le minimum vital à assurer. Comme si réussir était le minimum que je pouvais m’autoriser. Alors, pourquoi être fière ?
Pourtant j’ai répété, apprécié, rerépété des résultats positifs. Fait des listes mentales, pour me sentir mieux. Pour me dire que, même si je n’en avais pas la sensation, l’émotion, j’avais réussi. Douze ans après (j’allais dire dix, puis je me suis rappelée comme je vieillis !), je me souviens encore de toutes mes notes, tous mes coefficients du bac. Mention, félicitations. Je n’en parle plus du tout, je ne voudrais pas paraître prétentieuse, mais je me le suis souvent répétée, comme preuve que j’étais à la hauteur. Que j’avais de la valeur – selon des normes qui ne sont pas vraiment les miennes, bien sûr. Je suis acceptable dans et par la société : j’ai eu mon bac avec les honneurs. Fait une prépa (et que c’était difficile psychologiquement !). Des études. Ingénieure. Même ma vie perso : le pacs, la maison, les chiffres, les livres. J’ai besoin de les lister, pour me prouver que je n’ai pas rien fait.
Suis-je fière ?
De mes livres, je crois que oui. C’est un domaine dans lequel je me sens mieux en maîtrise : non que je prétende avoir un talent universel, mais parce que j’aime les œuvres que j’ai créées. Et ce qu’elles disent de moi. Pour les autres accomplissements, ceux faits sans trop de passion, parce qu’il le fallait, parce que cela correspondait à l’image de moi à laquelle je voulais me conformer. Fière ?
Soulagée. Échouer est, aurait été, une humiliation. Comme on me l’a dit après : « de toi, on s’attendait plus à 19 qu’à 9/20. » Merci, j’imagine ? Être à la hauteur, tout ça…

Soulagée que ce soit fini, que ça ne remette rien en question : j’ai réussi. Comme à chaque examen, y compris informel, y compris les jalons de la vie, j’ai tout à perdre, aucune fierté à gagner.
Et vous ?

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