À ce stade, j’ai vu 7 psychologues, 1 psychiatre, une coach. Certains juste le temps d’un test psychologique, d’autres sur la durée. Certains quand j’avais quatorze ou seize ans, d’autres vers 25 ans. Des psychologues plutôt orientés neuropsychologie, approche centrée sur la personne, ou d’autres spécialités dont je n’ai pas souvenir. En groupe, ou seule.
Certains m’ont marquée à vie – en mal. Si ce n’était pas un terme psychologique que je m’efforce de ne pas utiliser à tort et à travers, je dirais traumatisée. Cette psy et l’hypnose, ce psychiatre qui m’a laissée repartir sans autre recommandation que trouver Dieu, et faire un enfant.
D’autres n’ont pas servi à grand-chose. M’ont dit qu’ils n’avaient pas mon mode d’emploi et que je devrai le trouver moi-même. Qu’ils ne pouvaient rien pour moi, qu’ils n’étaient pas formés pour m’évaluer.
D’autres m’ont fourni des labels, m’ont fait passer des tests, m’ont souvent laissé repartir sans que je saisisse pleinement ce que ça changeait pour moi. Rien, bien sûr, et pourtant tout. Quand on sait maintenant quelque chose d’aussi étrange que « vous êtes autiste » ou « vous avez un trouble de l’attention » ou même « vous avez un haut potentiel intellectuel, un cerveau plus rapide que la moyenne des gens« . Oui, fort bien, adieu Madame, on ne se reverra jamais. J’ai eu la naïveté de croire que « je vous enverrai des ressources si j’en trouve » serait suivi d’effets.
Mais même celle que j’ai continué à voir (qui m’avait fait passer les tests de QI), qu’est-ce que cela a changé ?
Parfois, j’ai l’impression qu’aller chez la psy, plusieurs fois par mois, depuis des années, ne sert à rien. Souvent, j’y vais à reculons, avec « flemme », j’aimerais disposer de ma soirée pour faire ce que je veux – ne rien faire. J’essaie de ne pas compter tout l’argent que j’ai mis dans les thérapies.
En même temps, je suis loin de là où j’étais, avant tout ça. En même temps, si j’ai parfois l’impression d’avoir changé toute seule, grâce à mes recherches, mes livres, grâce au temps et aux expériences, lesquelles auraient été possibles sans les diagnostics ? Sans les pistes de réflexion ? Sans les soupapes émotionnelles, les effondrements en séance, sans les petites voix qui pouvaient me soutenir quand j’éclatais en sanglots laids, expliquant en ahanant que j’étais une mauvaise personne.
Comme souvent, j’attends des choses des révélations absolues, des changements intenses et tangibles, de la certitude. Comme souvent, la réalité, et mes pensées, ne fonctionnent pas comme ça. Comment savoir où je serais sans toutes ces heures de thérapie, avec les bons et les mauvais psys, avec ceux qui me convenaient et ceux qui n’étaient pas pour moi ? Bien sûr que j’aurais aimé qu’ils lisent dans mes pensées et aient toutes les réponses, qu’ils puissent réparer facilement tout ce que j’imaginais cassé.
Bien sûr que j’aurais aimé des résultats mirobolants, des objectifs clairs, un bien-être stable et évident.
Des années de thérapie. Parfois je me demande pourquoi. Et parfois je vois à quel point elles font partie intégrante de tout ce qui a changé dans ma vie ces dernières années, et ces changements, je les aime.

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