Certains jours, je ne peux rien faire. Ou plutôt, tout me coûte considérablement. Cela arrive souvent les jours où j’ai moins d’obligations : le week-end, souvent. Le soir, aussi. Rien qui ne m’oblige à me lever, pas d’obligation, pas de travail. Juste ma conscience, et mon envie de faire des choses.
Ma culpabilité de laisser mon copain cuisiner pour moi, celle de ne pas avancer sur ma liste de choses à faire. La maison en bordel, les draps que je m’étais dit que je changerais.
L’envie, simplement, de ne pas être une loque, sur le canapé.
Je passe la semaine à attendre le soir, le week-end. La liberté, le temps de profiter. Le temps de lire, de créer, de me détendre.
Mais si j’ai un peu trop tiré sur la corde, surtout émotionnellement, tous ces loisirs deviennent des contraintes, de la culpabilité. Voir mes amis ? Fatigue extrême. Sortir du lit ? Arghhhh. Je me lève pour rejoindre les autres, mais parfois, c’est déjà une contrainte.
Mes membres sont lourds. Je m’enfonce dans le canapé. Ma tête tourne. Je suis fatiguée, fatiguée. Sans vraiment me reposer. Je me lève, me rendors quelques minutes plus tard sur le canapé. Somnole devant une série. Scrolle sur Instagram.
Je ne lis pas, ne dessine pas, ne range pas.
Si je le fais, je ne ressens pas vraiment de plaisir. Un vague soulagement de l’avoir fait. Je me lève comme on retient sa respiration : dans la perspective de me rasseoir, de m’allonger à nouveau. La culpabilité me fait me lever. Le bruit de l’autre, qui est efficace, productif, fait à manger, range. La culpabilité d’être un poids mort. La culpabilité de ne pas être enthousiaste, de ne pas être force de proposition. Non, je ne sais pas ce que je veux manger. Non, je n’ai pas vraiment envie de sortir. Je voudrais dormir pendant trois semaines. Sans aucune sollicitation extérieure.
La fatigue me rend triste. Fatiguée, je suis souvent au bord des larmes. Depuis mes diagnostics, je réalise à quel point mon épuisement vient de mes émotions, aussi : une période stressante et difficile, émotionnellement, donne une fatigue intense, émotionnelle. Ce n’est pas que je n’aime pas mes amis ou mes loisirs, finalement, ce qui me faisait très peur, autrefois. Je suis juste fatiguée.
Si c’était tout le temps, ce serait inquiétant. Mais il y a les jours où ça va, à peu près. Où ma fatigue ne m’empêche pas de faire des choses, où je peux prétendre qu’elle est tout à fait normale. Est-ce que tout le monde ne dit pas tout le temps qu’il est fatigué ?
Il y a les jours où, même si je fais les choses à reculons, je suis efficace. Façon culpabilisante de juger de ma forme. Des jours où ma fatigue est émotionnelle, seulement, et moins physique. Où ma fatigue physique n’est pas au point du vertige, de la langueur du corps, qui soudain pèse des tonnes. La lenteur.
Ces jours qui me font dire que je n’ai pas de problème, que je peux rester comme ça.
Ça vous parle ?

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