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J’ai un TDAH

J’ai un TDAH type inattentif. Je l’ai appris le 14 décembre, deux mois après le TSA.

Je ne sais pas quoi en penser. Je voulais me laisser le temps d’y réfléchir, mais je ne suis pas plus au clair. Je n’ai pas changé. Je suis toujours un peu floue, un peu froissée, dans mon expérience de la vie. Heurtée, une chose et l’autre, des cycles courts, la nouveauté, la difficulté à rester concentrée. Même sur les sujets qui sont mes « intérêts spécifiques ».

J’ai rencontré quelqu’un d’autre qui avait un TDAH, pendant les vacances de Noël. Quelqu’un qui en souffre vraiment, qui a des problèmes d’addiction, des traumatismes, aussi, que je n’ai pas.

Je me sens toujours illégitime, ou chanceuse, de m’en sortir comme je m’en sors. D’avoir cette présentation « atypique » de mes troubles, d’avoir des ressources « atypiques » pour les gérer au quotidien. Mon HPI, peut-être, et ma dissociation qui est autant une peine qu’une capacité. Qui me sauve, parfois. Qui me permet d’avoir moins peur, voire de réprimer entièrement la peur. Je retiens ma respiration et je saute. Je ferme les yeux. Ma vie, étrangement, m’a montré que ça passe. Que les retours sont supérieurs aux attentes des autres.

Je me sens illégitime, car mes problèmes semblent différer un peu de ceux des autres. Ceux que j’ai rencontrés, ceux à qui je parle depuis ces quelques mois que j’ai ce blog et ma page Instagram. J’ai moins de difficultés exécutives, ou peut-être simplement que, malgré tous les moments où je fixe le vide, où je ne fais rien, où j’ignore ma soif ou ma vessie par « flemme » de me lever, j’arrive encore à faire des choses. Et je n’en vaut pas mieux que les autres. Simplement, je ne sais pas où me placer.

J’ai mes difficultés propres. Mes émotions sous la peau dure, l‘ennui infini, parfois insoluble, car tous mes enthousiasmes ne suffisent pas à m’occuper. La peur d’être si différente que jamais je n’ai trouvé vraiment quelqu’un à qui je ressemblais assez pour m’imaginer, me former, pour ne pas avoir à me découvrir chaque jour, à faire toutes les expériences moi-même. Pour savoir ce qui vient de moi et ce qui vient de mes attentes de moi. Ce que je dois encourager et ce qui me fait du mal. Pour me comprendre.

J’ai peur de ne pas être différente, d’être juste coupée de moi-même. De ne plus ressentir. De ne pas ressentir assez. Mon malaise face à l’intensité des autres, dont j’ai peur, que j’envie si fort. Je veux être terrassée, et je suis un robot triste, je fonctionne si bien !

Je repense à Marvin, du Guide du Voyageur Galactique (H2G2). Un petit robot triste, cynique sans vraiment l’être, programmé pour avoir des capacités de calcul hors normes, mais des émotions humaines. Qui le rendent dépressif et paranoïaque, ainsi que légèrement énervant socialement.

Je repense à Rimbaud, dont j’ai tant aimé l’histoire. Je repense à ces années sans trouver vraiment de modèle.

J’ai un TDAH, un TSA, un certain QI. Qui suis-je ?

Il paraît que c’est compliqué pour tout le monde, de répondre à cette question. Mais, pour l’instant, le TDAH est une case de plus que je coche sans trop savoir quoi en faire. Au moins, c’est une ouverture vers certaines communautés, certains univers, où j’espère découvrir ce qui est vraiment important pour moi, au-delà de ce que j’ai déjà (et j’ai la chance immense d’avoir une famille et un compagnon en or, des possibilités, du confort…).

« La vie… ne me parlez pas de la vie. »
« J’ai un million d’idées, mais elles mènent toutes à une mort certaine. »,
« La vie, observa lugubrement Marvin, qu’on la déteste ou qu’on l’ignore : oui. Mais on ne peut pas l’aimer. »

Marvin dans Le Guide du voyageur galactique (Douglas Adams)

Facile : j’étais déprimé, je m’ennuyais tellement que je suis allé me brancher sur ses prises d’interface extérieure. Et puis, j’ai longuement parlé à l’ordinateur, en lui expliquant mes vues sur l’univers, expliqua Marvin.
– Et que s’est-il passé ? insista Ford.
– Il s’est suicidé », dit Marvin (…).

Le Guide du voyageur galactique (Douglas Adams)

Une réponse à « J’ai un TDAH »

  1. Avatar de Des années de thérapie – Haut Potentiel d'Aventure

    […] chose d’aussi étrange que « vous êtes autiste » ou « vous avez un trouble de l’attention » ou même « vous avez un haut potentiel intellectuel, un cerveau plus rapide […]

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