Décembre 2023. J’ai fait mon test de QI il y a plus de deux ans, et j’ai les résultats de mon test TSA depuis 3 mois. J’ai la sensation étrange qu’il manque toujours quelque chose, une part du puzzle. Bien sûr, je ne peux m’expliquer entièrement en label. Indépendamment de mes troubles, de mes caractéristiques, j’existe. Tous les autistes HPI sont différents. Pourtant, j’ai encore besoin de réponses.
Je relis les titres de mes articles les plus anciens – ils n’ont même pas un an ! -, et j’ai déjà beaucoup changé. Ajouter la ligne autisme à ma compréhension de moi-même a énormément coloré ma vision de moi-même, et du HPI. J’ai appris beaucoup de choses, grâce au blog, notamment, et j’ai encore plus rejeté la vision du « zèbre » et des caractéristiques qui lui seraient associées.
Si j’ai des soucis, si ma vie n’est pas ce que j’avais envisagé qu’elle devait être, si je ne me ressens pas pleinement heureuse, c’est qu’il y a autre chose. Je suis autiste mais je ne suis pas assez rigide, pas assez manichéenne, pas assez angoissée. Je n’ai pas de routines incroyablement cadrées (et, en même temps, je travaille 40h par semaine, c’est déjà une routine plutôt stricte).
J’ai besoin de nouveauté, j’ai des cycles d’intérêt, un bureau rempli des artéfacts de tous les loisirs créatifs que j’ai testés. Un garage plein d’outils. Des travaux pas finis. Des livres pas finis.
Un ennui existentiel. Je travaille depuis six ans et j’ai travaillé dans 4 emplois. Je m’ennuie souvent dès le premier jour, mais ma volonté d’être à la hauteur, ma peur de décrocher me maintiennent à flot. Et puis, au bout de quelques mois, cela devient difficile. La dépression s’installe. Je pleure dans les toilettes. Rien n’a de sens. Je me lève la nausée au cœur. Je ne profite plus des soirées, du week-end. J’attends désespérément un changement.
Alors voilà. Je change ma vie, je commence bientôt la psycho à distance, j’ai demandé un 80%. J’essaie d’écrire, il y a le blog.
Mais tout ça, l’autisme et le HPI ne suffisent pas à l’expliquer.
Et puis l’inattention.
Réunion. Il y a plein de monde, en visio, et on ne me parle pas directement. Mon esprit vogue. J’ai pris la bonne résolution d’écouter, cette fois. Trois minutes, et j’ai même oublié ma résolution. L’ennui, l’inoccupation de mon esprit est une violence. Je l’emplis de force, memes, téléphone, écrire, cadeaux de Noël, liste de courses, listes de tout… Ne pas être vide. Ai-je toujours été ainsi ?
« Et toi, Noémie, tu en penses quoi ? ». Oops. De quoi parle-t-on ?
Excuse. Pardon je répondais à un mail. Quelque chose est arrivé. Peux-tu répéter ? J’ai mal entendu. Quoi ?
J’ai ça en tête depuis quelques temps. C’est moins constitutif de ma personnalité, de la façon dont je me vois. Surdouée, oui, c’était mon image, autrefois, j’étais l’intello, la curieuse, la fille intelligente. Bizarre, autiste, on me l’avait dit. À dix-sept ans, j’avais fait une partie des tests, pour rigoler, et j’avais laissé derrière moi, comme un test ridicule fait sur internet, les tests qui me donnaient un résultat dans la tranche Asperger (tous, sauf un, pour lequel j’étais en-dehors, mais pas du bon côté…). Pour l’un comme pour l’autre, j’avais fait des tests internet, ces tests rigolos qu’on sait ne pas être fiables.
Mais le trouble de l’attention, je n’y avais jamais pensé. Je ne suis pas hyperactive – il paraît que ça peut être les pensées, seulement. Je ne pensais même pas penser beaucoup (c’est la première remarque qu’on me fait quand on lit mon livre). Je suis chroniquement fatiguée. J’étais bonne élève. J’écoutais assez en classe pour avoir de bonnes notes, pour comprendre. En gribouillant sur une feuille, tout le temps. Parce que c’était ma seule personnalité. Parce que la connaissance m’intéressait.
Voilà.
Je vais passer un test pour le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité.
Et on verra.
Et je changerai. Encore.

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