L’alexithymie

À ne pas confondre avec l’anhédonie, la difficulté à ressentir le plaisir et une motivation décrue.

Définition

L’alexithymie est la difficulté ou l’incapacité à reconnaître, exprimer ou décrire ses émotions. Elle toucherait environ 10% de la population, mais de 50 à 85% des autistes.

L’alexithymie est un phénomène psychologique considéré comme un trait de personnalité durable, mais n’est pas décrit dans les manuels psychiatriques (DSM-5 et CIM-11), ni en tant que trouble, ni en tant que symptôme.

Il y a deux modèles qui définissent l’alexithymie, le modèle psychanalytique et le modèle cognitif et comportemental. Les points communs sont :

  • Une difficulté à identifier ses sentiments
  • Une difficulté à décrire ses sentiments aux autres
  • Un style de pensée tourné vers les stimuli extérieurs (et non les émotions internes)

La psychanalyse ajoute que l’alexithymie se traduit par un processus imaginatif et fantasmagorique réduit, mais les recherches statistiques tendent à ne pas démontrer cette corrélation.

Manifestations possibles

  • Difficulté à identifier, traiter, décrire et gérer ses émotions. Par exemple, un patient se plaint d’anxiété ou de dépression, mais ne peuvent élaborer sur leurs émotions au-delà de la distinction « heureux/malheureux »
  • Détachement émotionnel vis-à-vis de soi-même, ce qui peut avoir des conséquences négatives sur la qualité de vie perçue
  • Manque de compréhension pour les émotions des autres
  • Confusion entre les émotions et les sensations physiques
  • Confusion entre les sentiments et les sensations physiques
  • Imagination, rêves et fantasmes (au sens psychologiques, c’est-à-dire les scénarios imaginaires, les histoires qu’on se crée, et pas forcément les fantasmes sexuels) réduits, rêves qui conservent une structure logique et rationnelle
  • Raisonnement concret, logique, rationnel, évitement des réponses émotionnelles aux soucis

Lien avec le TSA

Selon une étude de 2004, 85% des autistes sont « limités » dans le domaine de la reconnaissance des émotions, dont 50% « très limités », alors qu’une population contrôle présente 17% d’adultes « limités » et aucun qui soit « très limité ».

Les signes de l’alexithymie peuvent recouper ceux de l’autisme : difficultés de verbalisation, difficultés sociales, difficultés avec la théorie de l’esprit (comprendre les émotions des autres), difficultés avec l’imagination (d’après la triade de Wing).

Lien avec d’autres troubles

  • SSPT (syndrome de stress post-traumatique) : 41% des vétérans de la guerre du Vietnam seraient alexithymiques. Le lien a aussi été montré pour les survivants de l’Holocauste et les mères ayant survécu à des violences.
  • Anorexia nervosa (63%)
  • Boulimie (56%)
  • Dépression (45-50%)
  • Trouble panique (34%)
  • Phobie sociale (28%)
  • Addictions (50%)

Mon expérience

La difficulté à décrire mes émotions est clairement présente chez moi. Je le vois chaque fois que je suis chez la psychologue, et que je dois décrire comment je me sens au-delà de « bien » ou « pas bien ». Je pense, en premier lieu, que j’étouffe beaucoup d’émotions, que j’intellectualise beaucoup plutôt que de ressentir, et que cela n’aide pas à avoir une idée claire et transmissible.

En revanche, certaines émotions sont plus claires que d’autres, ou plutôt, si je ne sais pas exactement ce que je ressens, j’ai quelques « valeurs par défaut » : un sentiment de vide, de tristesse un peu vague, que j‘interprète comme de la tristesse. Le vocabulaire qui ressort lorsque j’écris, dans ces moments-là, est celui de la tristesse, c’est quelque chose que j’ai construit pendant mon adolescence (voir les quatre articles précédents sur mon expérience avec la dépression).

Pour ce qui est du manque d’imagination et de représentations imaginaires, je ne m’y retrouve pas du tout (que ce soit dans le cadre de l’autisme ou de l’alexithymie). Je suis prête à imaginer que mon imagination est différente, peut-être moins sociale (même si une grande partie de mes réflexions et de ma pensée se fait par des dialogues imaginaires entre moi et une grande quantité de gens plus ou moins proches), mais on ne peut pas dire, je pense, que je n’ai pas d’imagination, ni que mes rêves sont « logiques et rationnels ». J’écris des livres de fictions, j’ai énormément de représentations imagées et imaginées, des tropes, des clichés, que je mêle pour imaginer des histoires. Certes, ce n’est pas entièrement inédit, mais rien ne l’est, et j’ai toujours été décrite comme imaginative et créative. C’est d’ailleurs ce que je vois chez beaucoup d’autistes, et je ne comprends pas trop pourquoi les autistes devraient être définis par leur manque d’imagination. Quant à mes rêves… Ils sont souvent sombres, glauques, bourrés de poursuites, de bâtiments labyrinthiques, de complots, mais je ne m’en souviens d’aucun qui ait été logique, structuré et rationnel.

Une réponse à « L’alexithymie »

  1. Avatar de Réflexions sur la sociopathie (trouble de la personnalité antisociale) – Haut Potentiel d'Aventure

    […] tirer du plaisir. Que mes émotions sont difficilement identifiables, comme celles des autres (voir l’alexithymie), mais je les éprouve. J’éprouve peu de remords parce que je ne fais pas grand-chose, et […]

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