L’intéroception est la capacité à évaluer ce qui se passe dans notre corps, son activité physiologique, par exemple ressentir son rythme cardiaque, sa température corporelle, sa faim, sa soif, sa douleur, son besoin d’aller aux toilettes. L’intéroception dépend de systèmes multiples du cortex, notamment le cortex somato-sensoriel, le gyrus singulaire, le cortex frontal et le cortex insulaire.

Globalement, l’intéroception est le sens qui nous permet de recevoir les signaux qui manifestent un trouble de l’homéostasie, c’est-à-dire la capacité à maintenir l’équilibre des fonctions vitales. Si le corps a besoin de carburant, on ressent de la faim pour nous pousser à manger et à réguler ce besoin. Si la température baisse, l’intéroception permet d’avoir froid, et donc de trouver une stratégie pour se réchauffer pour retrouver une température optimale.

L’intéroception a une dimension sur le plan de la précision (où est le signal), la sensibilité (perception subjective du signal) et la conscience intéroceptive (perçois-je bien mes signaux internes).

Des études ont montré qu’une faible intéroception peut être retrouvée dans certaines difficultés mentales, notamment les troubles alimentaires (anorexie comme obésité, car la faim est ressentie de façon anormale), la dépression, l’anxiété (les signaux pouvant être plus fortement ressentis), mais aussi l’autisme. Les autistes ont souvent des difficultés à ressentir la faim, la soif et autres signaux, mais peuvent aussi les ressentir plus fort. Par exemple, certains autistes oublieront de manger et se sentiront assez détachés de leur corps, quand d’autres pourront ressentir, par exemple, les mouvements internes liés à la digestion. Certaines études ont ainsi montré une plus faible intéroception chez les autistes, d’autres une plus forte. Comme pour les sensations externes, les hyper- et hyposensibilités peuvent se cumuler (fort ressenti de son rythme cardiaque, par exemple, mais peu de sensation de soif, ou forte sensibilité à certaines douleurs et hyposensibilité à d’autres formes de douleur).

Des études ont également montré des liens entre les sensations d’intéroceptions et les humeurs.

Quelques bizarreries liées à mon intéroception

• Je mange sans faim et j’assimile la satiété au fait d’avoir l’estomac plein de façon plus ou moins inconfortable. Je ne pense pas que ce soit lié à l’autisme spécialement, mais plutôt à la façon dont j’ai construit mes habitudes alimentaires (finir son assiette, manger quand quelque chose de bon est disponible et non quand j’en ai vraiment envie…).

• Je ressens peu le chaud et le froid, jusqu’à ce que je les ressente trop : lorsque les gens se plaignent de la chaleur, je ne le sens pas trop, et soudainement je m’aperçois que j’ai beaucoup trop chaud, j’ai des bouffées de chaleur, j’ai des vertiges. Je n’ai pas vraiment froid, et soudainement (même quand il ne fait pas horriblement froid), je tremble fortement, j’ai des frissons, la chair de poule, mal en bas du dos… Je supporte assez mal d’avoir chaud et froid en même temps, par exemple quand je suis sous la douche, et que l’eau chaude ne touche qu’une partie de mon corps, l’autre étant, par contraste, beaucoup plus froide.

• J’ai souvent peu de temps devant moi quand je réalise que je dois aller uriner (soit, toutes les heures – je bois quand je m’ennuie). Mais quand je sais que des WC ne sont pas disponibles, je n’ai même pas envie de boire ou d’aller aux WC pendant des heures (une fois, dans un train de nuit en Inde, je n’y suis pas allée du tout. Le voyage durait 26h, plus du taxi ensuite).

• Comme beaucoup d’autistes, je préfère dormir avec une couette / du poids sur moi, même quand il fait chaud. Contrairement à plein de témoignages que j’ai lus, je préfère aussi les vêtements serrés, surtout au niveau du ventre. Je suis très mal à l’aise en détachant le bouton de mon pantalon si j’ai trop mangé, par exemple.

Interoception – Wikipedia (les articles en anglais sont souvent plus complets ou documentés)
Intéroception — Wikipédia (wikipedia.org)