De quoi on parle ?
Le burn-out autistique est un état de surcharge et de fatigue chronique, qui n’est pas défini dans les manuels de santé mentale comme le DSM-5, mais qui a été décrit par de nombreux autistes et qu’il faut distinguer du burn-out classique.
Quelles sont les caractéristiques du burn-out autistique ?

Les symptômes sont :
- Fatigue chronique
- Régression des compétences, notamment perte ou diminution des capacités à masquer et à s’adapter, ce qui peut impacter toutes les compétences : comme la personne a moins d’énergie pour s’adapter, elle a plus de difficultés à cacher ses mouvements d’auto-stimulation (stims), à interagir avec les autres selon des règles apprises, à ignorer des surcharges sensorielles
- Tolérance réduite aux stimuli, surcharges sensorielles plus fréquentes ou plus intenses. Meltdowns et shutdowns plus fréquents, augmentations des comportements stéréotypés et d’auto-stimulation pour se rassurer et gérer ses difficultés
- Augmentation des besoins de support
- Sensation de surcharge chronique
- Diminution de la qualité de vie, allant jusqu’aux comportements suicidaires
Quelles sont les causes ?

- Stimuli et contraintes augmentés sur la durée, changement dans les circonstances. Par exemple, la parentalité peut être cause de burnout, à cause de la surcharge sensorielle et des responsabilités omniprésentes, mais aussi tous les événements qui perturbent la vie normale et les routines : deuil, problèmes au travail, rupture, problèmes familiaux…
- Attentes trop élevées de la part de la personne vis-à-vis d’elle-même, ou bien de la part des autres : la personne autiste se pousse et masque ses difficultés pendant un temps plus ou moins long, mais finit par accumuler une fatigue et une surcharges qui deviennent chroniques. Cela peut être le cas au début de l’âge adulte, lorsque la personne avec autisme tente de devenir « un adulte normal et fonctionnel », mais rencontre des difficultés car son fonctionnement est différent. Le masking est donc souvent évoqué comme cause ou facilitateur du burn-out autistique.
- Le manque de soutien et d’acceptation de l’entourage et du monde social
Qu’est-ce qu’on peut faire ?
Si les symptômes peuvent ressembler à ceux d’une dépression, la solution n’est pas de « sortir et voir le monde » ou « se bouger un peu ». Le burn-out autistique est une surcharge, et doit donc donner lieu à beaucoup de repos. Il ne s’agit pas forcément de rester dans son lit en permanence (d’autant que des problèmes de sommeil peuvent être présents), mais de limiter les stimulations sensorielles désagréables ou trop fortes, réduire ou supprimer les attentes sociales, par exemple arrêter le travail ou demander un temps partiel, mais aussi réduire les sorties sociales et les comportements de masque, s’autoriser à être « visiblement autiste », s’adonner à ses stims ou ses intérêts spécifiques. En fait, il s’agit de lâcher la pression d’être normal, de faire les choses normalement, ou d’en faire toujours plus parce qu’on pense que c’est normal ! Recevoir de l’aide et de l’empathie est aussi mentionné comme un facteur positif de repos et de sortie du burn-out, ainsi que s’entourer d’une communauté également atypique, qui comprend mieux la personne.
Le burn-out autistique peut s’installer sur des mois ou des années si la personne conserve assez de ressources pour cacher son mal-être au moins une partie du temps. Certains utilisent toute leur énergie pour paraître normal la journée, au travail, et ne font plus rien du tout en dehors, y compris se nourrir correctement, faire le ménage, avoir des loisirs…
L’article suivant (en anglais) résume de façon très complète plusieurs témoignages d’autistes et m’a beaucoup aidé pour la rédaction de cet article : “Having All of Your Internal Resources Exhausted Beyond Measure and Being Left with No Clean-Up Crew”: Defining Autistic Burnout | Autism in Adulthood (liebertpub.com)

Répondre à Haut Potentiel d’Aventure Annuler la réponse.