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C’est officiel. Officiel.
En fait, ce n’est pas vraiment officiel. J’ai un pré-diagnostic établi par une psychologue formée, à la suite de tests reconnus (ADIR non côté, ADOS module IV, quotients autistique et empathique). Je n’ai pas fait valider le diagnostic par un médecin, et il n’est donc pas versé à mon dossier médical.
Il n’empêche, maintenant, je sais. Mes soupçons sont désormais avérés. Je peine à dire des certitudes. À l’heure actuelle, je doute encore un peu, mes sentiments et sensations n’ont pas encore intégré ce que mon esprit sait. Je me sens toujours un peu illégitime, un peu moins atteinte, un peu privilégiée par rapport à mes clichés sur l’autisme, et par rapport à la représentation de l’autisme que je vois beaucoup sur les réseaux.
« Autisme de haut niveau ». Vocabulaire étrange. Il se couple, certes, à un HPI qui en masque ou en mitige une partie. À des stratégies d’hyper-intellectualisation qui ne sont désormais plus uniquement des élucubrations de mon esprit.
Le rapport est une lecture étrange. J’avais si peur, le jour dit, je ne savais pas comment j’allais réagir, ce que ça changerait, j’avais peur qu’on me dise que je m’étais trompée, que ce n’était pas ça. J’avais peur de changer, beaucoup et immédiatement, de développer tous ces symptômes que, peut-être, j’avais masqués à moi-même toutes ces années.
Je n’étais pas préparée à lire les mots descriptifs du rapport, les analyses de mes comportements, les façons crues de présenter ce que je ne considérais pas tellement comme des déficits. Bien sûr, l’autisme, par bien des côtés, est un handicap, et est caractérisé par des déficits, mais mon apparente réussite sociale fait que j’ai peu souvent entendu les mots « inadapté », « déficit » ou « défaut » pour me décrire. Dans ma tête, bien sûr, mais l’image positive que le monde me renvoie a peu failli, même la bizarrerie n’a jamais vraiment été un sujet de rejet, et j’en souffrais, même, de me sentir si inadaptée tout en m’adaptant si fort.
C’est officiel, j’intellectualise tout, je me repose sur mes concepts et mes stratégies, je rejette mon environnement. Bon, je le savais déjà, mais la perspective change légèrement, ainsi. C’est une stratégie de survie, et pas du mal que je me suis fait à moi-même.
Je suis un peu perdue, en fait. Je m’attendais à une grosse réaction, des larmes, des cris, quelque chose. Et, en même temps, en relisant, quelques jours après les résultats, mon article écrit quelques jours avant (voir l’article), je le disais déjà : j’ai peur de ne pas réagir et d’hyper-intellectualiser. De tenir le réel à distance, lui qui m’est si ambivalent. Qui me fait peur, qui m’ennuie, dont j’attends pourtant le salut. Qui seul peut m’apporter de nouvelles perspectives, moi qui aime tant mon monde intérieur, qui rêverait d’en profiter plus, parfois exclusivement. Le réel est mon paradoxe.
J’ai donc peu réagi. J’avais peur de ne rien pouvoir faire après, de peiner à retourner au travail, le lendemain. J’ai fait des courses, j’ai passé une journée étonnamment correcte au travail, nous avions des invités le lendemain et étions invités le surlendemain, et tout était normal. J’y pensais tout le temps – avant aussi-, mais tout était normal.
Mon travail m’ennuyait et j’avais du mal à me concentrer.
Mon esprit tournoyait, grésillait d’idées, de mots, de concepts.
J’ai dormi normalement. Agi normalement. Réfléchi un peu.
Je ne sais pas.
Peut-être que rien n’a changé ?
Mes proches ont bien réagi, leur comportement n’a pas changé non plus.
Je ne sais pas.
J’attends toujours le moment où le réel se brise, le cataclysme qui marque le changement, la cassure.
Je n’en ai pas vraiment connu.
Je pense en noir et blanc, je réfléchis en nuances, je vis en nuances également.
Le temps seulement me changera.
J’ai hâte.

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