31 août 2023. J’ai passé le plus gros des tests pour le trouble du spectre de l’autisme il y a dix jours. J’aurai les résultats dans 11 jours.

J’attends.
Je suis dans un état d’attente, occupée à attendre.
Je repousse des décisions, je ne m’autorise pas encore à m’intéresser à certaines choses, par peur de m’enthousiasmer et d’ensuite recevoir un résultat négatif.
Je réfléchis quand même, presque en sous-marin, à tous les aspects de moi qui s’expliqueraient avec ce diagnostic. J’ai commencé à écrire un livre sur l’enfance, sur l’apprentissage, et, en filigrane, sur la neuroatypie. Sur moi. Sur la volonté de me comprendre. J’écris des mots que je relis sous cet éclairage.
Mais sans le diagnostic officiel, celui qui me plie à l’autorité de plus compétent que moi, j’ai peur. Je me sens illégitime.
Je vois les histoires des autres sur Instagram. Leurs symptômes sont plus dramatiques, plus purs que les miens. Je me sens illégitime de me revendiquer de leur souffrances.
Je pense, déjà, que si l’autisme est une pièce du puzzle, il n’est pas un tableau complet.
Je veux être un zèbre normal. Un zèbre autiste normal. Quelque chose. Je veux me comprendre, me prévoir, savoir réagir.
Je suis épuisée.
Je change déjà. Je me vois bouger (stimmer) comme une autiste. J’ai des sautes d’humeur différentes de d’habitude. J’accepte moins certaines choses, que j’acceptais par peur de froisser les gens, par ignorance que j’avais le droit de ne pas les accepter, de ne pas les aimer, même.
Je suis plus sensible aux chatouilles et aux contacts qui me « chargent », m’emplissent d’électricité statique, et d’envie irrépressible de tressauter ou de me gratter presque au sang.
J’ai peur du non. J’ai peur du oui. J’ai peur de ma réaction. Je me prépare tellement que j’ai peur de n’avoir aucune réaction, de ne pas savoir comment je réagis. J’ai peur de m’anihiler dans mon intellectualisation permanente. J’ai peur de m’effondrer, j’ai peur de ne rien ressentir. J’ai peur de ressentir quelque chose que je ne pourrais identifier. J’ai peur de changer, et j’ai peur de ne plus avancer.
Je nage dans mes contradictions.
Je veux savoir.
Être fixée.
Je n’aime pas attendre.
Je demande à changer le rendez-vous, juste après le travail et pas juste avant. J’aurai du mal à travailler ce jour-là, mais je ne veux pas avoir à aller au travail juste après le verdict.
Verdict.
Je l’attends comme une condamnation à vie, qu’il sera, pour un oui, pour un non.
J’attends.
J’ai repris les questionnaires envoyés pour entrer mes réponses en ligne, pour calculer mon quotient autistique, mon quotient empathique. Je relis mes réponses, remet tout en question. Ok, ce que j’ai envoyé tend vers le « oui ». Mais ai-je été parfaitement honnête et fiable ?
Et le reste, ce que je ne peux pas calculer moi-même ? Les tests étranges, les explications de brossage de dents et les histoires inventées. Que disent-elles de moi ?
La psychologue était si neutre. Acceptant chacune de mes étranges réponses à ses étranges questions sans rien interpréter pour moi.
J’ai peur de l’instant d’après. Quand je raccrocherai. Quand mes proches me demanderont, marchant sur des œufs, pour savoir. Comment leur dirai-je ? Comment leur dire oui, comment leur dire non ?
J’attends.
31 août. J’attends.
Le temps passe.
C’est tout ce qu’il sait faire.

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