Comment j’ai changé depuis les résultats de mon test de QI

J’ai passé le test une semaine avant mes vingt-cinq ans, en 2021. Il y a environ un an et demi. Après la restitution de la psy, les conseils de lecture, l’inscription à Mensa, qu’est-ce qui a changé ?

À la recherche de moi-même

Photo de l'auteur enfant, avec les chaussures d'un adulte
Parfois je me demande ce qui existait déjà, ce que cette enfant aurait pu devenir, ce qui la faisait déjà souffrir. Ce qu’elle pensait.

Et du temps perdu, aussi. Il ne s’agissait pas d’enfin admettre que je pouvais être un peu intelligente et avoir de la valeur à ce titre, dans mon cas, mais plutôt d’accepter mon fonctionnement en termes d’intérêts et de recherches de sens, et donc d’accepter que je pouvais avoir de la valeur au-delà de la bonne élève que j’étais. Accepter que j’ai besoin, que je fonctionne de façon bien plus heureuse lorsque je ne suis pas passive et travaillant pour quelqu’un d’autre, sous la contrainte, sans que cela ait du sens pour moi. Accepter que certains sujets ne m’intéressent pas. Accepter mes jours avec et mes jours sans. Accepter que j’ai passé ma vie avec une image de moi et des exigences qui ne me rendent pas heureuse. Accepter que c’était assez facile d’être bonne élève, et que si c’était plutôt confortable, ça ne m’avait jamais apporté de vraie confiance en moi. Accepter un peu mieux mes émotions, le fait qu’elles existent peut-être plus que je les ai laissé exister, et que je n’ai pas à les mépriser ou les détester.

Accepter que tout est à reconstruire.

À la recherche des autres

Mon rapport avec les choses a changé, à mesure aussi que je m’acceptais davantage. J’ai rencontré des personnes grâce au test (notamment avec Mensa et divers groupes Facebook), j’ai également pu lire beaucoup, sans trop me persuader que je n’avais aucune légitimité à me reconnaître (ou pas. Mes premières lectures étaient plutôt démoralisantes en termes de m’y reconnaître).

J’ai parlé du HPI avec certains proches, voire certains collègues, mais ça ne reste pas la majorité. En revanche, je parle beaucoup plus facilement et volontiers de particularités psychologiques, de neuro-divergence en général. Je me suis découvert un intérêt, parfois presque une passion pour la façon dont les gens perçoivent et conceptualisent le monde, et pour ce genre de discussions.

Globalement, aller à la rencontre des autres et du HPI m’a permis de :

  • découvrir que je n’avais pas à me conformer à mon propre idéal, accouché dans la douleur et qui ne me convient pas. Par exemple, l’intelligence ne fait pas tout, j’ai le droit de poser des questions stupides, j’ai le droit de ne pas être intéressée par des sujets complexes ou « pour intellos » (je n’aime ni les échecs, ni les débats politiques, par exemple. Je ne suis pas fan des grands débats en général, si c’est pour me voir imposer une vue à tout prix). J’avais peur de changer de direction, d’abandonner mon boulot bien confortable et bien inconfortable, comme d’un aveu de ma propre faiblesse et de mon incapacité à être travailleuse, motivée et volontaire. Je voyais mon inconfort au travail comme un caprice d’enfant gâté, qui ne sait pas souffrir. C’est toujours vrai, sur un plan particulier de la vérité, mais aujourd’hui la question de pour quoi et pour qui se forcer à cette vie s’il y a une alternative est devenue plus forte que cette idéal socialo-judéo-chrétien qui me mine.
Dessin d'un homme en surpoids se voyant parfait dans le miroir
Ma vision de mon corps et de mon poids n’a pas toujours été parfait, mais on parle clairement plus d’un côté intellectuel, là. Mais l’image parfait n’existe pas 😉
  • développer largement mon empathie et ma compréhension des autres. Baisser mon propre standard de perfection m’a permis de voir que ceux qui choisissent des vies alternatives, moins linéaires, le font parce que c’est une bonne chose pour eux. Aujourd’hui, je peux les admirer, et admirer le courage de ne pas privilégier le confort matériel et le besoin de sécurité. Bien sûr, il y a des nuances. J’ai toujours douté et nuancé beaucoup une grande partie de mon approche de la connaissance (mais pas de mon idéal pour moi-même, malheureusement). Et en apprendre plus, c’est aussi enrichir mes nuances, et transformer mon doute immense en un système complexe, où je peux douter, mais aussi avancer un peu.

Un projet de vie, un projet professionnel

Même si je navigue un peu à l’aveugle, même si je me force parfois à faire des choses, pour découvrir ce qui me plaît, ce qui me donne la sensation d’être en vie, la découverte de mon HPI a été un excellent vivier pour faire des projets.

N’importe quel projet. Car accepter ce que je suis, c’est aussi accepter que rien ne me tiendra des décennies sans se réinventer constamment. Que je changerais de projets, que je retrouverais des intérêts sous une tout autre forme. Que je reviendrai, par exemple, à l’écriture de mon adolescence, par un journal, par ce blog, par les romans que j’ai écrit et pense écrire. Par autre chose, dont je n’ai pas encore l’idée. Et c’est chouette. Ne pas tout savoir, imaginer que le meilleur est à venir, ou plutôt un autre présent acceptable, voire excitant ou agréable.

Accepter mon HPI, c’est avoir un peu plus de sérénité pour laisser les choses arriver, pour me laisser maturer en paix, pour limiter l’auto-flagellation ou l’auto-apitoiement, pour remettre en question des choses que j’ai toujours acceptées, par pragmatisme, par facilité, parce que je n’avais pas le courage de m’inventer.

On m’a dit que les HPI devaient inventer le sens de leur vie, le cadre dans lequel leur vie s’inscrit (là encore, c’est plus ou moins vrai selon les HPI, et également vrai pour les autres, mais essayons d’être génériques, un peu). C’est une phrase minuscule, et une révélation qui ne m’est pas arrivée d’un coup, comme une révélation, mais qui m’a de plus en plus portée depuis que je me renseigne.

Aujourd’hui, j’ai aussi découvert que la psyché humaine et le fait d’aider des gens qui, comme moi, se sentent esseulés et pas à leur place, pourrait bien me porter un peu plus, un peu plus longtemps. Et j’y travaille. Par le site, par mes interactions, par des formations à côté. Et cela m’aide à tenir pendant les jours de travail.

Tout le reste du chemin

femme en randonnée

On n’arrive jamais. On glane un peu de joie, et après on meurt, ce qui est mieux que on souffre toute une vie, et ensuite on meurt. Ou on trouve un sens, un semblant de sens, quelque chose qui fait sens sur une portion plus ou moins grande du chemin. On le partage ou non.

Il me reste tant de chemin à parcourir, à explorer. Tant de curiosité, tant de découragement et de fatigue. Tant de temps d’exaltation, tant de temps triste et de temps perdu, qui ne l’est qu’à cause de nos attentes irréalistes. Tant d’attentes à déconstruire, et de découvertes transcendantes et momentanées à faire.

Tant de questions. Suis-je vraiment sur un chemin ? Est-ce que je m’enferme dans l’identité alternative HPI, l’idée d’une alternative professionnelle, l’idée que le sens et la joie au quotidien sont possibles ? Me découvrirai-je d’autres atypies, d’autres éclairages, d’autres lectures de la nature humaine, ou de la nature d’une humaine ?

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