Un nouvel objectif (de plus) : la lecture et moi

J’ai envie de me remettre à la lecture. C’était central, important, identitaire, quand j’étais petite. Jusqu’à la prépa littéraire, en fait. Je m’évadais, j’occupais mon temps, mon ennui, mes incompréhensions. Le monde des livres était rassurant et magique, aventureux, joyeux, triste. Je pouvais réfléchir, et me former en tant que personne.

En prépa littéraire (hypokhâgne/khâgne B/L. La prestance du titre me fait toujours un peu rêver, un rêve doux-amer qui a la saveur des mondes inaccessibles et de l’échec), je me suis rendue compte (c’est-à-dire qu’à ce moment-là, je l’ai cru) que la lecture ne devait pas être un loisir pour s’évader, mais une culture à faire. J’ai cru que les livres jeunesse, les livres d’aventure, que je lisais à toute vitesse, pour l’histoire, n’étaient plus légitimes. J’avais tant de retard à rattraper, de classiques à lire. On me balançait des titres, sans cesse, comme s’il était évident que je les avais déjà lus : La Princesse de Clèves, L’Éducation sentimentale, Le Rouge et le noir, Les Thibault, Madame Bovary, le théâtre classique, le théâtre antique… Ajoutons une saine couche de Platon, de Hegel et de Kant à l’indigestion : je ne connaissais rien, je n’avais rien lu. Dès lors, je me baladais en permanence avec un petit carnet, pour ajouter à l’infini des titres à lire.

Une liste de titres, manuscrite, sur un petit carnet
En fait, il y avait deux carnets. Comme on le voit, ces 10 dernières années, je n’ai pas trop avancé..
Comme j’aime recopier mes notes manuscrites, j’ai aussi une version sur mon Drive. Il y a 5 pages et plus de 450 titres là-dessus. Me demandez pas à quoi correspondent les couleurs, peut-être à la couleur de surligneur en version papier, ou à la période de lecture ?

Je lisais toujours beaucoup, d’après mon cahier du lecteur, 131 livres entre ma sortie du lycée et l’été qui a suivi ma prépa. Des classiques, cette fois. De la « culture légitime ». De la socio, de la philo, de la littérature avec un grand L. Souvent, les livres me tombaient des mains. Je préférais m’abrutir devant des séries, sur mon ordinateur (cadeau du bac, il faut dire, le temps qui passe amène de nouvelles distractions), je lisais VDM ou des fanfictions pendant des heures (littéralement 3 à 5h par soir). Je ne lisais des romans que pour les barrer de ma liste, pour avoir lu un classique de plus. J’ai oublié le contenu de la plupart – pour beaucoup, je les ai connus d’avance, par les cours, j’ai, potentiellement, été déçue à la lecture, et je ne pourrais plus en dire beaucoup. Madame Bovary, par exemple : je m’identifiais au bovarysme, à l’insatisfaction vague, à l’aspiration au Beau. J’ai trouvé le personnage d’Emma Bovary stupide et cliché.

Peut-on vraiment se dire autiste si on n’a pas un Excel chelou qui peut nous dire combien de pages on a lu depuis le
12 janvier 2007, rangé dans un dossier de notre Drive qui s’appelle « Listes » ?
/s

J’en ai un peu marre de scroller sur Instagram, de regarder la télé parce que je n’ai pas les fonctions exécutives de faire autre chose, que c’est simple, trop simple, et que ça me pourrit le cerveau. Je n’aime pas cette tendance, qui m’est trop naturelle. J’ai été influencée par quelques vidéos sur Youtube, bien sûr (qui a des idées originales, ici ? Pas moi !). Par exemple celle-ci.

Bref, j’ai décidé de me remettre à lire. Les livres que je veux, qui me font envie à la médiathèque. Commander des livres (ces dernières années, tous les Nothomb, les Stéphanie Hochet, et plein de livres sur l’autisme, surtout des témoignages). Ne pas me forcer à finir un livre qui me tombe des mains, ce que j’ai fait trop souvent. Des romans, de l’histoire, des témoignages, de la sociologie, tout ce qui pourrait m’intéresser. Peu de classiques, ou seulement s’ils me viennent d’un espace où ils sont intéressants : je n’ai plus la concentration nécessaire, mais j’ai lu des Mishima ou À Rebours de Huysmans, car Amélie Nothomb les cite comme des références de sa construction personnelle, et que je suis trop fan ! (Lisez : influençable. Mais c’est de l’influence que j’accepte).

Et comme entre le boulot à 80%, la fac à 100%, les travaux de la future maison, l’écriture, le blog, Insta, je n’avais pas assez à faire, j’ai décidé de m’en faire un défi : 1300 livres avant mes 30 ans !

Je suis actuellement (29/08) à 1203. Et j’ai presque 14 mois. Si je vous le dis, peut-être que je le ferai 😉 Peut-être même que je vous bassinerai en mettant chaque livre en story sur Instagram, qui sait !

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