Je suis rentrée de vacances récemment, et j’ai repris le boulot après deux semaines. Suite à mon article sur la phobie scolaire la semaine dernière, je voulais évoquer mon expérience.
C’est marrant qu’on parle de phobie scolaire et pas (ou peu) de burnout pour les enfants. Pas de dépression, non, les enfants n’ont pas le droit aux difficultés des adultes. Et pour les adultes, c’est l’inverse. Burnout et dépression, troubles anxieux, mais la phobie du travail, je ne l’ai pas vue passer.
Mais moi, la veille de la rentrée, j’avais la nausée, je me sentais vide et triste, j’avais l’impression que je ne pourrais jamais me résoudre à retourner au travail, à renoncer au temps libre, le lendemain. Et pourtant, je n’ai rien contre mon poste, en soi, je l’aime bien (les gens et le sujet sont bien plus agréables qu’en banque, mon emploi précédent). Mais, ce dimanche-là, je l’ai passé au bord des larmes. J’ai passé l’après-midi enfermée dans ma chambre, à m’abrutir de vidéos, sans avoir envie de rien. Pourtant, je savais que, comme d’habitude, j’irais. Comme d’habitude, je me forcerais, je serais forte, je me ferais une raison. Je respirerais un grand coup, ou je couperais ma respiration, mes pas m’y porteraient. Une fois sur place, ce ne serait même pas si terrible.
Comme quand j’étais enfant. Combien de fois ai-je eu l’impression que je ne pourrais pas retourner à l’école, combien de crises de larmes, par anticipation, parfois en plein milieu des grandes vacances, parce que j’étais écrasée par l’idée de devoir y retourner, plus tard, et renoncer à mes pensées, ma liberté intérieure, les élucubrations, pensées et idées qui me tiennent chaud. Qui sont loin d’être toujours positives, mais qui me donnent l’impression d’exister, d’être moi, bien plus que lorsque je vends mon cerveau à des sujets qui ne me passionnent pas.
Et l’idée de la phobie scolaire n’arrêtait pas de me revenir. Pourquoi ne parle-t-on jamais de phobie de travail ? Ce n’est pas mon poste actuel, le problème, c’est l’institution du travail, la vente de mon esprit, l’indisponibilité, la contrainte. Forcer ma concentration sur des sujets décidés par d’autres, selon des horaires décidées par d’autres. Et même si c’est intéressant, en théorie, je le vis quand même, souvent, comme un déchirement.
Je n’aime pas trop travailler, mais, me direz-vous, qui aime travailler ? Qui n’aime pas les vacances ?
Souvent, je me demande comment c’est pour les autres ? J’oscille entre le « c’est forcément plus dur pour moi que les autres, si tout le monde était comme moi, le monde ne tournerait pas » et la charmante petite voix qui me susurre « mais t’as fini de faire ta fragile, tu te prends pour qui, personne n’aime travailler, tout le monde serait mieux chez soi, tu n’as rien de spécial ».
Au moins, enfant, la rentrée apportait plein de nouveautés, c’était le seul jour de l’année où on ne s’ennuyait pas, où il fallait travailler à s’adapter, comprendre, apprendre. Sortir de la routine. Autiste, et je déteste cette routine quotidienne imposée !

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