Validisme, n.m. : Discrimination à l’encontre des personnes en situation de handicap, basée sur des préjugés négatifs.

le handicap, c’est un fauteuil roulant ou une prothèse (mais peut-être que la femme à droite est neurodivergente).
Le validisme, c’est faire face, en plus des difficultés liées au handicap lui-même (et, rappelons-le, 80% des handicaps sont invisibles), à des différences de traitements et d’opportunités basées sur des préjugés, indépendamment des limitations réelles.
Le validisme peut être dit « internalisé ». C’est quand on s’applique à soi-même un jugement basé sur des préjugés, quand on se dévalorise à cause de son handicap. Par exemple – au hasard, je ne vise personne, surtout pas mon imbécile de cerveau – penser qu’on n’a pas de TDAH, on est juste fainéante, changeante et nulle, on n’est pas autiste, on est juste asociale et mauvaise, trop sensible, incapable de se gérer. Le validisme internalisé, c’est cette petite voix qui nous dit qu’on n’est pas légitime à se revendiquer handicapé, que les autres doivent en subir plus, avoir plus de difficultés, que si on y mettait un peu plus du nôtre, on n’aurait pas de souci. Qu’on a de quoi compenser, aussi. Regarde-les donc, ces autres, ils ont de vraies difficultés.
J’ai discuté avec un proche, l’autre jour, qui m’a dit : « mais Noémie, il ne faut pas exagérer, tu es cheloue mais tu n’es pas handicapée ». Et en vrai, ça m’a fait bizarre, et, en même temps, j’étais assez d’accord.
J’ai deux (pré)diagnostics psychiatriques. Des décennies d’historique de difficultés liées à ma santé mentale. Des déficiences sociales, des difficultés sensorielles, des difficultés attentionnelles. Une personnalité obsessionnelle, compulsive, dépressive, selon les mots de différents psychologues… Mais je ne me sens pas légitime à m’appeler handicapée, à revendiquer quoi que ce soit de la société. De la compréhension, des ajustements. J’ai du mal à ne pas considérer le fait que je travaille désormais à temps partiel comme une forme de caprice, comme de la fainéantise, comme le signe que je ne me pousse pas assez.
Bien sûr, depuis que je suis à 80%, je vais mieux. Je rêverais d’un 40 ou 60%, si les finances et mes propres préjugés n’entraient pas en ligne de compte. Depuis que je me force moins, je vais mieux.
Même mon corps n’est pas « normal ». J’ai des vertiges, des fatigues, la caféine me rend malade, la chaleur aussi, le froid est douloureux. Je n’ai jamais pu courir sans faire peur autour de moi, mon poids est tout à fait normal mais j’ahane et souffle aux moindres marches, à la moindre course derrière un bus. Je bois un verre d’eau trop vite : je suis essoufflée. Je porte quelque chose de lourd : je suis essoufflée. Mes articulations sont faibles, fragiles, parfois. Je suis forte mais brusque. Je tremble. Mon système gastro-intestinal n’est pas vraiment mon ami. Je cicatrise mal. Mais rien de tout ça n’est grave. Je ne suis pas handicapée, n’est-ce pas ? Je commence tout juste à renoncer à certaines choses pour raisons physiques : vélo pas plus de trois fois par semaine, couper moitié vélo, moitié tram, m’asseoir dans le tram s’il y a une place. Indiquer que je suis fatiguée, que je ne vois pas de caféine. On me répond, bien sûr, « attend d’avoir un enfant, tu sauras ce qu’est la fatigue ! ». Formidable. Je sais que ça pourrait être pire. Je ne le sais que trop : d’ailleurs, je ne suis pas handicapée, je suis juste nulle et sans auto-discipline !
Passer de gamine surdouée « trop intelligente pour être heureuse », qui s’imaginait sans jamais être à la hauteur devoir faire l’extraordinaire, à handicapée, avec des problèmes de régulation émotionnelle et d’attention en partie indépendants du contexte et de mon niveau de bonheur, c’est un peu raide. J’ai encore du mal à l’admettre.
Et vous, votre parcours ?

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