Les rêves

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Jusqu’à 12 ans, environ, je ne me souvenais jamais de mes rêves. J’ai le souvenir d’avoir, une fois, à douze ans, fait un rêve, et de m’être dit que c’était le premier dont je me souvenais. Je m’en souviens encore.

Mes rêves sont généralement sombres, tristes, glauques. Pétris d’enfermement, de solitude, de rejet.

De ce rêve de mes douze ans, je me souviens de tout, sauf duquel c’est : j’ai deux rêves de cette époque en tête. Dans l’un, je perdais un membre de ma famille, était perdue, assistait à une fête en l’honneur du disparu, et son image se mettait à me parler dans une photo de foule. Un appel, au loin. Au réveil, je n’étais pas sûre que ça n’avait été qu’un rêve, et je suis restée suspendue aux bruits de la maison, pour me prouver que tout le monde était encore là.

Dans l’autre rêve, j’étais accusée de meurtre. D’avoir tué un « petit copain » sans visage, inconnu, qui n’a jamais existé. Ma famille y croyait. Me traitait comme un monstre. J’allais les retrouver pour rentrer à la maison, mais ils étaient partis sans moi. Ils refusaient de m’ouvrir la porte. Les seules personnes vaguement dans le doute et réconfortantes étaient des connaissances, que je connaissais peu et n’appréciais pas forcément plus, dans la vraie vie.

Après ça je me suis souvenue de plus de rêves. Je me suis parfois réveillée en sursaut. Je suis souvent seule, je déambule dans des endroits que je sais connus mais qui ne ressemblent en rien à l’endroit en question. La maison de mes grands-parents, de mes parents, d’amis… Mais tout est labyrinthique, étrange, je ne reconnais rien mais, dans mes rêves, ce n’est pas étonnant. Je réalise au réveille que tout était triste et bizarre : ces labyrinthes désolés, ma solitude. Les constructions impossibles : cette rampe d’escalier magistral qui se rejoint au milieu, que je dois escalader pour monter. Ces toilettes nombreuses, sans porte, au milieu d’une maison individuelle (et ce rêve qu’on est sur les toilettes… sans commentaire…).

Je ne comprends jamais que je rêve, je ne me pose jamais la question.

Il y a quelques années, je suis tombée sur une vidéo expliquant comment entraîner son cerveau à se demander si on rêve, pour se le demander en rêve aussi, et prendre le contrôle du rêve pour accéder au rêve lucide. J’ai essayé, et j’ai souvent l’impression, le vertige étrange de rêver quand je vis, et jamais quand je rêve. Si je me réveille la nuit, si je me lève, ou au matin, j’ai l’impression de rêver, je ne suis pas sûre de reconnaître l’endroit ou, pour le coup, de pouvoir aller aux toilettes.

Il paraît qu’on ne rêve jamais d’un visage qu’on n’a jamais vu. J’ai une très mauvaise reconnaissance des visages, mais, dans les rêves où je ne suis pas seule, je croise souvent des gens qui ne m’évoquent rien.

Parfois, le rêve reste, le matin. Me colle. Si j’ai fait une forme de crise d’angoisse ou de shutdown, notamment, si j’ai pleuré de désespoir dans mon rêve – une horrible façon de commencer une journée. Cet horrible doute au matin, après avoir cru, et ressenti, qu’on a perdu quelqu’un – ce rêve s’est encore produit récemment, avec un autre membre de ma famille.

Et vous, c’est comment, dans votre inconscient ?

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