
Le DSM-5 (manuel des troubles mentaux américain) définit l’autisme avec deux pôles de symptômes : les difficultés sociales et de communication, et les comportements répétitifs ou les intérêts restreints. Décryptons ce point.
B. Caractère restreint et répétitif des comportements, des intérêts ou des activités, comme en témoignent au moins deux des éléments suivants soit au cours de la période actuelle soit dans les antécédents (les exemples sont illustratifs et non exhaustifs):
DSM-5, traduction de Autisme-Asperger-Québec, cité en fin d’article
– Caractère stéréotypé ou répétitif des mouvements, de l’utilisation des objets ou du langage (par exemple stéréotypies motrices simples, activités d’alignement de jouets ou de rotation des objets, écholalie, phrases idiosyncrasiques).
– Intolérance au changement, adhésion inflexible à des routines ou à des modes comportementaux verbaux ou non verbaux ritualisés (par exemple détresse extrême provoquée par des changements mineurs, difficultés à gérer les transitions, modes de pensée rigides, ritualisation des formules de salutation, nécessité de prendre le même chemin ou de manger les même aliments tous les jours).
– Intérêts extrêmement restreints et fixes, anormaux soit dans leur intensité soit dans leur but (par exemple attachement à des objets insolites ou préoccupations à propos de ce type d’objets, intérêts excessivement circonscrits ou persévérants)
– Hyper-ou hyporéactivité aux stimulations sensorielles ou intérêt inhabituel pour les aspects sensoriels de l’environnement (par exemple indifférence apparente à la douleur ou à la température, réaction négatives à des sons ou à des textures spécifiques, action de flairer ou de toucher excessivement les objets, fascination visuelle pour les lumières ou les mouvements).
En mots simples, avec des exemples :
- Répétitions dans le mouvement, par exemple se balancer, agiter les mains, toucher répétitivement un objet…
- Répétitions appliquées aux objets, par exemple aligner des jouets ou leur appliquer un mouvement de toupie répétitif.
- Répétitions dans le langage, par exemple répéter la dernière phrase prononcée ou parler en utilisant des phrases entendues dans les médias (écholalies).
- Rigidité et peur du changement, avec notamment le besoin d’avoir des routines strictes, le besoin de prévoir et de connaître à l’avance les étapes d’une journée, les réactions émotionnelles extrêmes en cas d’imprévu ou de changement de programme…
- Cela peut aussi correspondre à des modes de pensées rigides, « en noir et blanc », qui peuvent même faire douter les adultes non diagnostiqués de la pertinence d’un diagnostic : ils lisent les critères, et ne s’y retrouvent pas, car ils s’en font une idée extrême qui n’accepte pas la nuance !
- Intérêts spécifiques : tendance à se passioner pour un ou quelques sujets, potentiellement très spécifiques (par exemple, les trains, les oiseaux, mais aussi Harry Potter ou l’histoire de la Shoah…). Il n’y a pas de règle, mais l’intérêt doit être « anormal » dans son intensité et/ou son but. Il peut durer un certain temps, lors de mon test ADOS, l’évaluatrice m’avait dit trois mois.
- Les autistes ont souvent tendance à accumuler des objets ou des connaissances sur le sujet, voire sur un aspect spécifique du sujet (par exemple en se concentrant sur des listes de dates ou de lieux liés à un événement historique, et pas forcément sur l’ensemble des enjeux de l’événement).
- Différences sensorielles : hypersensibilité et/ou hyposensibilité, c’est-à-dire sensibilité excessive à un sens ou un aspect du sens. Par exemple, la lumière est douloureuse et la personne doit se ressourcer dans l’obscurité, porter des lunettes, ou au contraire, la pénombre est désagréable et entraîne de la dérégulation, la lumière doit toujours être portée à son maximum. Ou bien la personne ne supporte pas les contacts physiques « légers », les effleurements, chatouilles et courants d’air, mais aime être compressée, serrée fort, ou être sous une couverture lestée.
- Les combinaisons sont infinies, on peut être hypersensible à un sens et hyposensible à un autre.
- Ces particularités peuvent également inclure des sens internes (intéroception, nociception) : la personne perçoit énormément ou anormalement peu ce qui se passe à l’intérieur de son corps, et hypersensible à la douleur (ou certains types de douleur) ou hyposensible…
- Ces particularités peuvent entraîner des comportements d’auto-stimulation (stims) liés aux sens, surtout pour ceux où il y a hyposensibilité : fascination pour les couleurs ou les mouvements de lumière, pour la musique, tendance à sentir les odeurs de façon exacerbée, de flairer le monde autour de soi, recherche de textures intéressantes (toucher du velours, une balle anti-stress, un hamac sensoriel…).
Et vous ? Quelles sont vos particularités sensorielles, vos intérêts spécifiques, vos rigidités ?
CRITÈRES-DIAGNOSTIC-TSA (DSM-5) | Autisme-Asperger-Québec (autismeaspergerquebec.com)

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