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Solitude, monde intérieur, et se mettre à son compte

J’ai eu si longtemps peur de me mettre à mon compte, de travailler pour moi. Je me suis trouvé toutes les excuses. Je ne saurais pas me motiver, travailler. Je deviendrais folle, seule. Je n’ai pas d’idée pour monter une entreprise.

Tout cela était vrai.

J’ai changé.

Aujourd’hui, j’aimerais me mettre à mon compte. Travailler pour moi.

Ça n’arrivera pas tout de suite, mais j’ai quelques pistes. Je ne veux pas créer une entreprise, un produit. Ce que j’ai à offrir au monde n’est pas mon ingéniosité mécanique ni mes idées d’objets à créer, pas même les bijoux créés dont on me disait que je pourrais faire une activité annexe.

C’est moi. C’est moi que je peux vendre. Mes pensées, mon approche.

Je veux écrire.

Je veux parler, échanger, écouter, aider.

Aujourd’hui, devenir psychologue et écrivaine vont ensemble, sont deux faces d’une même pièce où j’existe enfin, immatériellement, dans le monde.

Où je communique enfin. Où je peux être autre chose qu’un rouage de l’économie de services informatiques, pour devenir, certes, un autre rouage de l’économie de services. Culturels, psychologiques. Intellectuels, esthétiques.

J’ai toujours du mal avec l’idée, mais c’est comme si j’avais trouvé une passion, qui pourtant a toujours été là. J’écrivais, sans me sentir apaisée ou pleine de sens. Je parlais, je discutais, ces discussions étaient fondamentales, j’échangeais sur la vie, la mort, le sens. Avec ma sœur, avec des amis, de la famille.

Ça n’avait pas de sens, ma vie n’en avait pas, je me sentais survivre.

Aujourd’hui, cela a du sens.

Pourtant écrire est toujours laborieux. Je procrastine, je ne veux pas relire, je me heurte à des murs d’inspirations, de doutes, de peurs.

Mais je peux regarder en arrière, voir le produit de ce que j’ai fait – le livre, le texte, les gens avec qui je parle, et je suis satisfaite. J’ai l’impression d’exister. L’impression exaltante d’exister, que j’ai cherché si longtemps en faisant exactement ce que je fais aujourd’hui.

Nos représentations sont si importantes.

Le succès de nos communications, le partage aussi.

Ces livres, ces pensées n’avaient guère de sens avant que je les partage, et que ce partage soit accepté. Bien sûr j’ai grandi en les ayant, mais c’était insuffisant.

C’est pour ça que c’est tellement difficile d’accompagner les autres.

Il y a des murs qu’il faut se prendre. Des obstacles qu’on connaît et qu’on ne peut pas pour autant déplacer. Des obstacles qu’on ne connaît pas, aussi, ou qu’on n’a vu que de notre perspective.

Les mots ne me trahissent plus, même s’ils restent insuffisants.

Les sensations, les pensées les colorent.

J’étais si triste, alors.

Je pensais que personne ne pouvait m’aider, alors c’était vrai.

Je n’ai plus peur de devenir folle en restant seule. Je crois que j’avais surtout peur de ne plus jamais vouloir revenir dans le monde. Je ne pouvais m’imaginer heureuse qu’en m’imaginant n’avoir plus jamais de contrainte. C’est toujours le cas, en partie. Parce que l’important, c’est que la contrainte ait un sens. Et si je me la suis fixée, c’est mieux.

Bien sûr, la réalité ne perd pas de sa prégnance. Il faut vivre, payer des factures, si on peut s’acheter une vie confortable et un joli bureau plein de ce qu’on aime, c’est mieux. Et payer les croquettes du chat.

Je devrai toujours composer avec cette réalité. Le côté rassurant de savoir qu’on a de l’argent, si besoin, qu’on n’ait pas à presque rien de tout perdre.

Mais être heureuse ! J’ai tant cru que c’était pour les autres.

Aujourd’hui, j’espère, j’ai des projets auxquels je crois. La plupart du temps. Je ne suis pas prête d’emménager au pays des Bisounours. Je reste un être cynique et déconnecté de ses émotions. Mais aujourd’hui, j’y crois. J’ai hâte d’y être.

All is well.

Pour ceux qui ne partageraient pas mes références Harry Potteriennes, « All was well », c’est la dernière phrase des livres, signifiant que la cicatrice d’Harry ne lui fait plus mal et que sa vie est belle et tranquille.

Une réponse à « Solitude, monde intérieur, et se mettre à son compte »

  1. Avatar de L’école ne m’a jamais appris à travailler – Haut Potentiel d'Aventure

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