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Et si j’étais diagnostiquée autiste Asperger ?

cerveau avec rouages colorés

Lorsque la psy qui m’a identifiée HPI m’a dit, au détour d’une conversation où je disais, par dérision, quelque chose comme « bon bah voilà, je fais mon autiste », elle m’a regardé, et m’a dit qu’elle n’avait pas de façon non-violente de le dire, mais que peut-être l’option était à explorer.

Comme si je ne m’étais jamais posé la question !

Adolescente, on m’a plusieurs fois fait la remarque, des réflexions, des piques innocentes sur l’autisme. Pas de harcèlement ou de côté négatif, simplement des remarques (du moins ça a toujours été mon interprétation !).

Sauf que quand je vois le manque d’informations que les gens ont sur l’autisme, je me demande quelle légitimité et quelles représentations étaient en jeu.

Moi, bien sûr, je me suis renseignée. Bien plus que pour le HPI, d’ailleurs, je ne sais pas si c’était parce que je me sentais moins légitime, parce que je préférais me projeter dans un « handicap », plutôt qu’un « avantage », comme j’étais malheureuse.

La connaissance sur la question était disponible, mais l’entrée dans le vrai monde de la neuroatypie et de l’inclusion n’était pas faite. On m’appelait Hermione ou miss-je-sais-tout ou autiste, et ça ne voulait pas dire grand-chose.

Moi je me renseignais. J’ai lu la page Wikipédia de l’autisme, comme celle de la dépression, de la bipolarité, de la psychopathie ou de la sociopathie. Il y avait forcément quelque chose qui n’allait pas. Même physiquement, d’ailleurs, je cherchais des explications à ma fatigue, à mon manque de tonicité et de sportivité.

Tout coïncidait un peu, rien de révolutionnaire. Comme le HPI, d’ailleurs, après mon test. Les livres HPI étaient une désillusion (même mes préférés, ceux qui vont vraiment apportés, comme Les surdoués et les autres). Les livres Asperger ne me parlaient pas plus, mais pas moins non plus.

L’autisme, en plus, est tellement vaste et controversé. Le temps que je me renseigne sur le syndrome d’Asperger, il avait été supprimé du DSM-5.

Quand je lisais des livres de témoignage, je n’étais pas assez ceci et trop cela. Pas assez intransigeante, honnête, naïve. Pas assez sûre de moi. Pas assez mise à mal par la foule ou mes sensations. Trop adaptée.

En 2022, j’ai contacté, sur le contact de ma psy, un neuropsy spécialisé. Il m’a informé qu’étant une femme adulte, en couple, intégrée et avec un emploi de longue durée, il était probable que le test soit négatif, mais que ça ne voudrait pas dire grand-chose, car il avait été fait avec de jeunes garçons pour référence.

J’ai laissé tomber.

Cette année, je me suis intéressée de plus près au sujet. J’ai ouvert le blog, commencé à interagir avec des surdoués, atypiques et autres autistes sur les réseaux sociaux. Et je me suis reposée la question.

J’ai besoin de savoir pour avancer sur mon chemin. Pour m’orienter, pour orienter mes lectures et mes recherches. Pour me sentir légitime de parler du sujet, aussi, en sachant si je peux m’en réclamer ou non. Pour plein de raisons obscures et indicibles.

J’ai peur de savoir, aussi. Peur de me mettre cette étiquette qui est symboliquement assez différente du HPI : plus côté handicap, moins côté potentiel. Comme une promesse de ce que je ne pourrais jamais faire, des progrès que je ne connaîtrai pas, plutôt que d’un potentiel d’aller toujours plus loin sur un chemin pas encore inventé.

Pourtant, ce serait aussi libérateur. Libérateur, car, comme je le disais là, la notion de potentiel est parfois une injonction écrasante. Car vouloir toujours se pousser à (se) réaliser plus n’est peut-être pas toujours sain. Car avoir conscience de ses capacités et ses limites permet de les recréer depuis une base, plutôt que de les subir sans rien comprendre.

Car le test HPI a été le début d’un chemin, ou de la prise de conscience du chemin, et que le test Asperger en serait une autre balise, un impondérable.

Car savoir, c’est s’orienter, c’est s’enfermer aussi. J’ai peur du résultat, mais je refuse de ne pas faire le test pour ça. Je veux le faire parce que ça me fait peur, et j’ai tout autant peur du test en lui-même, d’un résultat positif, que d’un résultat négatif (l’un et l’autre serait d’ailleurs à la fois positif et négatif). J’ai peur de m’être fourvoyée. Plus je me renseigne, plus je me dis que je ne suis pas autiste. Pourtant, j’ai besoin qu’une autorité me le dise. J’ai peur de douter du résultat, quel qu’il soit.

En fait, je veux faire le test pour arrêter d’avoir ces peurs, pour avancer et accueillir d’autres peurs 😀

Alors, et si j’étais diagnostiquée Asperger ?

Ça ne changerait rien. Comme le HPI ne change rien à ce que j’ai toujours été.

Ça changerait tout. Ma vision de moi-même. La vision des autres, si j’en parle. J’ai peur que mes proches me considèrent comme officiellement cassée ou handicapée. J’ai peur que mon compagnon remette en cause notre couple car les mots changent quelque chose.

Ça changerait le chemin.

Mais ne pas savoir, désormais, me donne l’impression de m’arrêter avant la fourche, par peur de me tromper.

croisée des chemins

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