Cette question se pose pour divers sujets, le HPI, les troubles autistiques, les troubles de l’attention… Je parlerai ici principalement du test HPI, et je ferai un autre article sur le test Asperger, les deux seuls sur lesquels j’ai des connaissances.
Quand se faire tester ?

je suis toute ouïe !
Il paraît que les parents, surtout les mères, se font souvent tester lorsque leur enfant est lui-même testé. L’enfant, lui, est généralement testé lorsque ses résultats scolaires sont mauvais et son comportement compliqué, quand il indique s’ennuyer en cours, quand il montre des signes de tristesse ou de détresse psychologique.
Pour les adultes, le test peut venir au début ou plus loin dans le voyage qu’est la découverte de ses particularités. On va chez un psychologue, qui nous suggère de faire le test (ce fut mon cas).
Ou alors on en entend parler, par son enfant, par un proche, comme ça, par hasard, sur internet. Ou peut-être qu’on s’est toujours douté, que des proches nous ont toujours dit qu’on était intelligent ou précoce ou surdoué, alors on se renseigne. Pour mieux se connaître, ou parce qu’on va mal, qu’on se sent décalé, que les bouquins de développement personnel standards ne semblent pas tout à fait adaptés. Et, plus on lit des choses, plus on se dit, tiens, peut-être, pourquoi pas. Ou carrément, là, c’est sûr, j’ai trouvé.
Tester pour (se) prouver quelque chose

Non, je ne suis pas débile, voire, je te l’avais bien dit
Quand on s’est senti en décalage toute sa vie, par rapport aux autres, au système scolaire, à toutes sortes d’institutions qui devaient donner un cadre fiable à la vie, recevoir un « diagnostic » officiel, c’est parfois une libération. Si son expérience en tant que HPI est socialement vue comme négative (mauvais résultats scolaires, parcours professionnel chaotique, désinsertion…), et que, soudain, un professionnel nous dit que, peut-être, on n’est pas si nul que ça, et que ce serait bien de faire un test, cela peut être un soulagement, voire une revanche sur la vie. Ou une cause de stress telle qu’on ne fait pas le test, trop inquiet à l’idée de redevenir une sorte de loser sans étiquette, sans existence, sans excuse.
Tester pour se trouver une place et se rassurer

Une justification ou une excuse ?
J’ai entendu un jour une femme d’une quarantaine d’années, mère, qui n’avait fait aucun test mais disait vouloir désespérément avoir un diagnostic, pour avoir une excuse. Pour justifier, à ses yeux et ceux des autres, son comportement, ses difficultés à s’insérer, à s’adapter, à jouer le jeu. Son besoin de discuter de sujets spécifiques, sa franchise parfois brutale. Autisme, trouble de l’attention, HPI, tout est mieux que de ne pas savoir pourquoi on n’est pas « normal ». Tout est mieux que de ne pas pouvoir expliquer sa différence, de ne pas comprendre pourquoi on n’arrive pas à se conformer aux valeurs du monde en plus des siennes, pourquoi on se sent si mal au milieu des autres.
Il est vrai que le diagnostic peut donner lieu à des explications, voire des aménagements ou des aides (pas pour le HPI, en revanche). Mais c’est une étiquette qui peut protéger des trop grandes attentes. Sauf que, pour moi, ces attentes, ce ne sont pas celles de la société, mais les siennes.
Une image fantasmée de la normalité et de l’idéal.
Et, donc, une façon de contrer son perfectionnisme avec un vrai diagnostic.
Si, au passage, on peut arrêter de se dire qu’on est bien prétentieux de vouloir se faire diagnostiquer surdoué, tant mieux. Et, si le test était négatif (je vous rassure, le minimum c’est 40, c’est impossible d’être négatif), la honte !
Tester pour mieux se connaître

La période entre le premier soupçon et le test n’est pas facile. On a cette petite idée, implantée par quelqu’un d’autre ou non. Une tonne de doutes, la peur d’être arrogant (tiens, tiens, mais qui a dit syndrome de l’imposteur ?), la peur de la désillution.
Et puis le résultat, qui ouvre un processus qui, pour moi, devrait être la principale raison de se faire tester, et en tout cas le plus grand bénéfice que j’en ai personnellement tiré. Enfin, on a une reconnaissance officielle, une figure d’autorité extérieure à notre moulin toujours plein de pensées qui met un mot sur soi. Si ce n’est pas HPI, dommage, il faudra tester autre chose. Si c’est HPI, c’est le premier pas de recherches, de découvertes, et de désillutions, aussi (voir Découverte du HPI : Mythes et pièges).
Mais au moins, on peut continuer à avancer, en se sentant peut-être un peu plus légitime pour creuser le sujet, qui est malheureusement bien mal vu et connu quand on ne fait pas l’effort de s’y intéresser.
Et si je ne me faisais pas tester ?
C’est parfaitement possible, et légitime !
Personnellement, je me suis fait tester pour deux raisons :
- parce que ma psy l’a proposé, et que je me disais que son avis était plus valable que mes doutes, et que je voulais valider ce ressenti une bonne fois pour toutes ;
- parce que je ne me faisais pas assez confiance pour me renseigner, pour décider ce qui me parlait ou non sans avoir un résultat officiel extérieur à moi. En d’autres termes, parce que j’ai besoin de validation extérieure. Et c’est parfaitement légitime et normal aussi, même si je ne trouve pas ça très glorieux. Mais si je n’avais pas ce « diagnostic officiel », jamais je n’aurais trouvé le courage / la prétention / la folie d’ouvrir ce blog qui me fait le plus grand bien, ou le moindre livre sur le sujet, sans critiquer chaque mot comme si ce n’était, par principe, pas moi.

Pour ceux que la recherche psychologique intéresse, qui prennent ce qu’il y a de bon à prendre des descriptions scientifiques et humaines du HPI, des troubles autistiques, bipolaires, borderlines, attentionnels… sans avoir besoin de diagnostic, quel intérêt ?
Le sujet est incroyablement personnel. Mais pour moi, si la seule chose qui vous retient, c’est la peur de voir un non écrit noir sur blanc, autant y aller, parce que l’incertitude peut faire beaucoup plus de mal, ou du moins, peut vous retenir des années d’aller vous renseigner sur ce qui vous ferait du bien. Parce que même un non, c’est de la connaissance de soi. Et votre sentiment de décalage, lui, il est sûr et vérifié si vous le ressentez, alors ce sera juste un tremplin pour explorer d’autres pistes.
Si ce qui vous retient c’est que c’est inutile, cher, pas 100% fiable, et que vous n’en avez pas besoin, 👏

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