J’en ai parlé dans Voie Professionnelle : que faire quand on peut “faire tout ce qu’on veut” ? – Haut Potentiel d’Aventure (hautpotentieldaventure.com) : adolescente, j’ai fait des tests d’orientation, et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça n’a pas été glorieux.
J’ai l’impression d’avoir passé mon année de terminale à fuir la qestion de l’orientation. Et, souvent, le soir, mes parents me demandaient si j’y avais réfléchi, sous-entendant, « est-ce que tu as enfin trouvé ? ».
Paralysie totale. Le sujet m’angoissait absolument. Je n’aimais pas vraiment l’école, les études, ni même, bien souvent, la vie. J’avais peu d’enthousiasmes. Pour qu’on me laisse tranquille, et pour apaiser un peu mon angoisse, je me suis tournée vers les tests d’orientation…
Partie 1 : Les tests en ligne
Il y a une multitude de tests en ligne, fournis par des sites étudiants. Ils cherchent à établir un profil, généralement autour des intérêts (est-on plus scientifique, littéraire, artistique…) et/ou des compétences et savoirs-être (sociabilité, organisation, leadership, côté manuel ou intellectuel…)… À coup de questions à l’emporte-pièces, façon Closer Quelles sont vos vacances idéales ? Je suis retournée en voir, petit florilège de questions inratables :






Questionnaire propriété de L’Etudiant – Test d’orientation : Quel métier est fait pour moi ? (letudiant.fr)
J’avoue, j’ai toujours eu du mal à rentrer dans les cases des QCM. On les voit venir à 300km, on essaie de répondre ce qu’on pense devoir nous correspondre, on trouve des exemples et des contre-exemples de chaque proposition. Vraiment, merci L’Etudiant pour le massacre. Je pourrais écrire le commentaire sardonique qui me venait pour chaque. À chaque fois, une fausse dichotomie, qui me demandait de favoriser une part de moi, quand les deux me paraissaient désespérantes. Petit exemple :
Vous avez deux heures pour une activité dans la semaine, vous choisissez plutôt :
- Une activité bénévole (soutien scolaire, aide aux sans abris, animation du club enfants…)
- Une activité sportive, de la randonnée ou le club de mécanique auto-moto
D’abord, merci pour la culpabilité. À seize ans, et encore maintenant, j’avais bien plus de deux heures de libres et j’en passais exactement zéro à faire du sport OU aider mon prochain. Généralement, je lisais, ou restais roulée en boule dans mon lit, paralysé par le sentiment de ma nullité et de l’absurdité de la vie. J’écrivais des textes en pleurant. Je m’abrutissais en regardant des séries, encore et encore, jusqu’à tout oublier de ce que j’avais vu. Ensuite, l’un n’exclut pas l’autre, et je ne vois pas le rapport avec un boulot, est-on vraiment obligé de choisir entre ne pas rester le cul vissé sur une chaise et aider les autres ?

Autre perle, parce que quand on se sent nulle, et réaliste, comment ne pas aspirer au médiocre ?

Même dix ans après et bien installée dans le monde du travail (ce qui ne veut pas dire que ça me plaît, bien sûr, mais je n’ai jamais trop eu d’espoir de ce côté-là…), les questions me donnent un cafard disproportionné à l’enjeu nul d’aujourd’hui. Mais, à l’époque, je jouais mon avenir, et la tranquilité d’esprit dans le présent.
Mais on pousse, dans l’espoir de voir apparaître le métier parfait, auquel on n’avait pas pensé, nous pauvre petit lycéen de 16 ans, qui cherche la vie et ne connaît rien aux possibilités.
On supporte les questions jusqu’au bout, en se demandant si des gens les trouvent vraiment intéressantes. Si quelqu’un a été payé pour écrire ces conneries, et s’il se soucie autant de son job que moi du devoir que j’ai à rendre (donc, pas beaucoup, avec peu d’efforts on peut avoir un résultat acceptable, au moins sur la forme).
Et le résultat nous donne 🥁🥁🥁🥁🥁

Si, si, je vous jure, un test avec des questions de ce genre, avec des profils et des croisements de profil, m’a dit que le seul métier fait pour moi était clown. Mais bon, c’était vachement mieux qu’un autre test, qui lui m’avait dit qu’en ayant trois des six profils mêlés (si je me rappelle bien, scientifique, littéraire et artistique), aucun métier n’était fait pour moi.
Aujourd’hui ça me fait rire, mais franchement, je me demande encore comment on peut coder un questionnaire et des croisements de profils sans s’assurer que tous les croisements donneront quelque chose, ou sans au moins proposer des métiers qui cochent un certain nombre de cases, au lieu de toutes. Je me demande pourquoi clown était à l’intersection de ces trois profils, mais pas comédien, artiste de stand-up ou jongleur.
Aujourd’hui, je me dis que cette négligeance doit tuer des ados. Heureusement, le test que j’ai fait pour cet article n’est pas le même : on a les profils, et il ne cherche pas de métier. Mais du coup, ce n’était pas un test d’orientation ?

Chaque profil est cliquable, mais, là encore, ce n’est pas ce que cherche quelqu’un de perdu et désespéré, à seize ans (et en plus il faut s’inscrire et donner plein d’infos pour avoir accès à cette liste…).
Bref, j’avais des choses à dire, je ferai une partie 2 bientôt sur les conseillers d’orientation et psys spécialisés, j’ai encore quelques comptes à régler 😉
N’hésitez pas à laisser vos propres anecdotes sur le sujet, plus on rit, plus on rit 😉
PS : Bien sûr, je réalise que tous les tests, et même les professionnels, ne peuvent pas s’adapter à outrance à ceux qui sont en clair décalage. Ils sont faits pour la majorité, et j’imagine qu’ils peuvent s’avérer utiles pour certains. Pour moi, ils ont appuyé sur une plaie douloureuse, et je pense qu’un meilleur encadrement des profils atypiques serait intéressant.
Voir aussi :
https://hautpotentieldaventure.com/2023/03/24/une-hpi-a-lecole-errances-et-manque-dinteret/
La dépression du surdoué – Haut Potentiel d’Aventure (hautpotentieldaventure.com)

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